PAUVRE IRIS, par Didier Chabbert

Piste d'écriture: Le plus bel endroit du monde est ici, ou Jouer avec les titres

Pauvre Iris, elle est bien malheureuse depuis quelques semaines.
Les échos de son amour sont gris. Ils avaient construit des projets sur une table de restaurant : un lieu où habiter ensemble, pas trop loin de leur cabinet de psychanalystes, et puis surtout, très vite, un projet de bébé. Iris se dit qu’à 36 ans il est plus que temps de franchir le seuil.

Hélas, trois fois hélas, le tic-tac de l’amour s’est arrêté. Une banale histoire à propos des anges, le drame d’un espoir déçu. Iris a des idées noires plein la tête et pleure à chaudes larmes. Son compagnon ne peut lui donner d’enfant. La nouvelle est tombée il y a un mois.

Ce lundi est horrible. Comment parler, vers qui se tourner ? Romain, son compagnon, ne peut admettre ce qui arrive, c’est quelque chose qu’il ne pourra jamais oublier. Il est submergé et se laisse engloutir dans un fleuve de tristesse.
Le recours à des amis psychanalystes sera une tentative bénéfique pour ouvrir le dialogue et tenter de trouver un futur plus apaisé.
Peu à peu les nuages se sont éloignés et ils ont pu faire table rase du passé.

A présent, il faut construire un autre futur, oublier l’éternelle recherche de la perfection et trouver des bonheurs simples dans les cartons de déménagement. Ils ont besoin d’un lieu pour poser les choses de la vie, au-delà des objets inanimés et des babioles accumulées. C’est Iris qui a trouvé ce café sympa, à deux pas de chez eux. Un lieu parfait pour passer à l’action et dérider le quotidien. C’est là qu’ils ont pris en commun des décisions futiles mais agréables :

Une fois par semaine, un dîner aux chandelles

Fréquenter les magasins et les brocantes sans rien acheter

Prévoir un voyage à l’autre bout du monde

Ecrire des vœux sur un cahier et s’envoyer des Haikus d’amour

Ainsi le passé se transforme en futur en douceur : Il n’y a plus de compte à solder.
Ils ont des amis, des projets, une vie bien remplie, et puis ils fréquentent « le plus bel endroit du monde », ce café sympa à deux pas de chez eux. Ils aiment s’y retrouver et prendre un verre le soir après le travail.
Dans ce café, un soir d’avril, Romain s’amusait à lire à haute voix les petites annonces du journal local :

A vendre, à donner :

un oiseau qui sait voler

une table de magicien

Et, dans une autre rubrique: Petit chien cherche grand amour

Iris écoutait distraitement, mais d’un coup, elle a interrompu Romain qui n’avait pas fini d’énumérer sa liste à la Prévert :

« Fais voir, petit chien cherche grand amour »….

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