Heureux effets du croisement des roses et de la génétique, par Didier Chabbert

Piste d'écriture: Toutes les vies de Théo, et ses fameuses "décisions cruciales"...

La vie de Bob à 25 ans est centrée, d’une part sur le jardinage et plus précisément la culture des rosiers et d’autre part, sur l’amour qu’il voue à son frère jumeau Alan, malheureusement atteint d’une légère déficience mentale.
Deux éléments forts de son existence qui le relient à sa mère à présent décédée. Elle passait sa vie au jardin, et Bob aimait la suivre et apprendre au milieu des plantes et des rosiers grimpants qui ornaient le jardin et la maison. Alan restait à l‘intérieur. Le père des jumeaux consacrait lui beaucoup de temps et de soins, faisant de son mieux pour ce garçon. En même temps, il regrettait que Bob ne fasse pas des études d’ingénieur ou peut-être qu’il s’investisse dans un métier d’horloger, comme il l‘avait fait lui-même.
« Mon petit Bobby, disait-il, le jardin, les roses, c’est bien beau mais tu ne gagneras jamais ta vie. » Bob pensait, sans rien dire, que la vie ce n’est pas seulement gagner de l’argent, mais c’est surtout faire ce que l’on aime. D’ailleurs, il s’épanouissait dans une formation en horticulture qu’il entendait bien mener au bout. Cependant, il ne répondait pas à ces propos de son père, le sachant préoccupé, comme lui-même, par le sort d’Alan.
Bob portait un secret qu’il n’osait avouer. Un soir d’août, alors qu’il folâtrait avec Anna, une voisine étudiante en génétique, mais aussi son flirt du moment, Bob lui fit visiter la serre dont il s’occupait depuis le décès de sa maman. Il avait joliment aménagé le lieu, les plantes, les outils d’un côté, et un petit banc recouvert de coussins pour lire et se reposer. C’était la nuit tombante et le soleil avait dardé ses rayons l’après-midi, de sorte que dans la serre régnait une ambiance douce et chaleureuse. Bob prit la main d’Anna. Pour la suite, il ne sait pas comment c’est arrivé.

Trois mois plus tard, alors qu’il prenait un verre avec Anna, sans plaisanter pour une fois, elle lui fit comprendre qu’elle attendait un bébé. Bob resta figé, blanc, interdit, muet… puis bégaya quelques mots incompréhensibles. Il ne savait que dire, il n’était pas préparé. Aucun bébé n’était prévu dans son projet du moment. Bien sûr, il assumerait ses responsabilités, ce moment de plaisir furtif et ses conséquences. N’empêche, depuis un mois, il était en contact avec un monastère, à l’autre bout du territoire, pour un projet de remise en état du jardin à la française et du parc attenant. Il tenait beaucoup à cette perspective et feuilletait les catalogues des grands rosiéristes pour choisir les pieds les plus adaptés à cet environnement.
De son côté, Anna devait préparer sa thèse, ce qui demandait un investissement conséquent.
Deux destins apparemment incompatibles, mais réunis par cet enfant à venir.

Bob ne savait comment annoncer cet évènement à son père. Ils avaient l’habitude de cuisiner ensemble, chacun essayant de se souvenir des ingrédients et des tours de main que la maman, bonne cuisinière, n’avait jamais consignés dans un carnet. Le moment était propice à livrer ce secret embarrassant.

« Papa, il faut que je te dise…
- Mon petit Bobby, tu ne vas pas te défiler. Anna est une gentille fille, je l’apprécie beaucoup. Et tu sais, je suis heureux de devenir bientôt grand-père. »
Le petit Bobby en fut tout étonné, il ne s’attendait pas à cette réaction de la part de son père. Avait-il été mis au courant par Anna ? Soudain il se sentait devenir Bob, assumant son destin.

Le jour de la naissance, devenir papa lui procura un sentiment étrange de bonheur, de joie et d’inquiétude. Il était maintenant, pour de vrai, le papa de ce bébé, de cette petite fille posée sur le ventre de sa maman. Le destin se précipitait, la vie prenait un tournant, ils devraient s’accorder, vivre en harmonie, tout les deux ébahis devant les premiers souffles, les premiers cris de Carla.
Les roses et la génétique resteraient en suspens quelque temps.

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