Le sillage d'une météorite, par Florie

Piste d'écriture: mots et poèmes de saison

Le matin me sourit, les glaçons scintillent aux toits, le givre aux fenêtres, comme autant de joyaux venus parer ma vie.
Le jour m’éblouit, sa chaleur m’engourdit, douce torpeur qui me rend si légère et si présente à la vie.
Tu es là, et tout brille plus fort; la neige, voile de coton blanc, cache un trésor.
Et puis, soudain, tu es parti ; alors la nuit, de nouveau, m’enroule dans sa froidure, sous un ciel de pierreries tremblantes. Ce ne sont plus ces gemmes étincelantes, à portée de main, dont je pouvais en un simple geste remplir mes poches et mon cœur. Ces pierres-là sont distantes, inaccessibles, aussi froides que la voûte, glacée, auxquelles elles s’accrochent.
Où t’en es-tu allé ? Reviendras-tu, cette fois ? Mon regard suit sans y penser le sillage des météorites, incapable de s’y attarder plus de quelques secondes avant qu’il ne disparaisse.
J’imagine être l’une d’elles, plus libre qu’un courant d’air, plus rapide qu’un éclair. Ne faire que passer, et déjà être ailleurs. J’imagine ses joies et ses mille milliards de voyages dans le temps et l’espace. Que garde-t-elle de ses passages presque instantanés au-dessus de milliers de mondes ? Que sait-elle de ces millions de vies à peine aperçues, et déjà disparues ?
J’imagine ses éblouissements et ses peines, face aux civilisations qui grandissent et se perdent. Ses espoirs et ses désillusions, face à l’univers sans cesse changeant sur lequel elle n’a aucune prise.
J’imagine ses regrets, ses désirs, petite poussière d’étoile condamnée à tout observer et à ne jamais rien saisir, à glisser à l’infini sans trouver le repos.
J’imagine ses peurs, à errer seule dans l’obscurité pour l’éternité ; à deviner les rayons des astres qui la frôlent pour la faire briller pour d’autres yeux, sans qu’elle ne puisse jamais soupçonner son propre éclat.
J’imagine ses doutes, sur sa propre existence, sur celle de tous ces regards à peine croisés et jamais revus.
Et je comprends pourquoi, soudain, elle décide de plonger de toute sa vitesse au cœur d’une atmosphère ; se consumer enfin, dans un dernier flamboiement, se désintégrer, disparaître, cesser d’exister, en offrant à qui le veut l’éclatant spectacle de sa fin.
Peut-être que tu reviendras, demain.
 

Photo de Arthur Debons sur Unsplash

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