Piste d'écriture: Quand le banal se dérobe ou une inquiétante étrangeté
La femme révélée, de Gaëlle Nohant
Au réveil, elle a oublié l’enchaînement des événements qui l’ont conduite dans cet hôtel miteux où elle s’efforce de se rendre invisible. Un bruit incongru la tire du sommeil, ou une odeur inexplicable. Elle se tourne sous le drap rêche, se cogne contre un mur. Que fait-il là, ce mur ? Elle ouvre les paupières, acclimatant sa vue à la pénombre, striée par les tranches de jour qui entrent par les vieilles persiennes. Le papier peint défraîchi la frappe comme une anomalie, réveille sa mémoire. Remontent tous les détails de sa fuite, le temps étiré, suspendu, précipité dans les battements du sang. Les veilles enroulée dans son imperméable, ses pieds brisés par les longues stations dans les escarpins, cette application à fuir les regards, donner le change, paraître savoir où elle allait.
Ces premières lignes sont celles du roman de Gaëlle Nohant, La femme révélée, éd. Grasset et Fasquelle, 2020, Le Livre de poche 35967
Dans ce moment de retour à la conscience, il n’y a ni familiarité ni plaisir à l’idée de la découverte. La situation est dérangeante, voire angoissante. Les adjectifs traduisent cela : incongru, inexplicable, rêche… Tous les sens sont convoqués, ouïe, odorat, toucher, avant celui de la vue. On sent le personnage en alerte. Mais même le fait d’ouvrir les yeux ne permet pas de reconnaître ce lieu, ni de se rappeler immédiatement pourquoi on s’y trouve. La réalité est désagréable, on s’y cogne – physiquement, et mentalement.
Que fait-il là, ce mur ? Que fait-elle là, elle ?
Dans ce début, on peut presque croire à une amnésie. Rien n’est familier, et le changement a sans doute été brusque. Pourquoi est-elle là ? Que fuit-elle ? Lui a-t-on imposé cela, l’a-t-elle choisi ?
Je vous propose 3 pistes à partir de ce texte :
- S’intéresser à ce personnage, poursuivre son histoire.
- L’inquiétante – ou la merveilleuse – étrangeté.
- La nécessité de « disparaitre » : fuir ou donner le change.