Un petit peu de Russie, par Florence V.
Piste d'écriture: faire vivre un lieu à travers un regard.
Si vous fermez les yeux, vous entendrez la clameur des touristes qui se prennent en photo devant la magnifique église Saint Basile le Bienheureux, ou alors celle des grappes d’adolescentes fraichement sorties du collège qui traversent la place en papotant pour rentrer chez elles.
Cette place, la place Rouge me faisait rêver alors que je n’avais pas encore mis un pied en Russie. La première fois que je la vis, je la trouvai bien petite. Et puis je la parcourus avec mes deux amies autochtones Elena et Marina.
Sur la place, le regard est immédiatement attiré par cette magnifique église St Basile le Bienheureux, tellement gaie, tellement colorée qu’on ne peut s’empêcher de se faire prendre en photo devant. Si on pivote sur la droite, on aperçoit le mausolée de Lénine posté devant les remparts du Kremlin. Puis il y a le musée de l’histoire qui regorge de costumes traditionnels, d’œufs Fabergé et de couronnes de Tsars. En face se situe la façade du Goum, ce chic centre commercial où l’on peut trouver un petit restaurant peu cher et dans lequel j’aime siroter, avec mes amies moscovites, un délicieux spritz.
Je me souviens de cette belle et douce journée de printemps où, après le spritz, nous étions allées nous promener dans les quartiers environnants de la place Rouge. Il faisait beau, les cafés étaient bordés de bacs à fleurs et si on levait les yeux dans la rue piétonne qui jouxte le Goum, on pouvait apercevoir de grosses gouttes de verre, suspendues sur un câble tiré entre les façades ; la douce lumière se reflétait dedans. Bien entendu, là encore je ne pus résister à prendre des photos. Nous avions marché jusqu’à la limite du cœur de ville que délimite le théâtre Bolchoï et nous nous étions assises sur le rebord de la grande fontaine pour discuter.
Ce que j’aime le plus au monde est le parc Gorki en hiver. Il est transformé alors en une gigantesque patinoire, dans laquelle j’adore me rendre avec mes amies. Toutes les allées sont gelées et l’on peut se promener à travers les dédales en patinant. J’affectionne particulièrement les patins que je loue. Ils sont faits de cuir blanc ; je les trouve magnifiques, très féminins et je me sens bien dedans.
Les Russes s’offrent les cadeaux de Noël la veille du Nouvel An. J’adore me rendre à la messe de minuit dans l’église orthodoxe située près de l’appartement de mes amies. Le culte orthodoxe diffère du culte catholique. Ici, pas de bancs. On reste debout tout du long lors de l’office, qui dure une éternité - vraiment, il ne parait pas avoir de fin. Je ne participe pas vraiment, car la messe est en slavon (le vieux slave) et je ne comprends guère ce que le pope palabre. Toutefois, j’aime écouter les chœurs et perdre mon regard dans la multitude de bougies allumées. La pièce est richement décorée, pleine d’icônes sur lesquelles sont apposés des oclades d’or. Ici, tout est très doré et lumineux et l’odeur de l’encens se fait grandement sentir. J’aime l’atmosphère qui y règne.
En Russie, on mange n’importe quand. Il n’y a pas d’heure pour manger. Et lorsque vous êtes invité, on vous sert en guise de bienvenue un repas qui ressemble à un buffet. La table, souvent petite, est parsemée d’assiettes dans lesquelles se trouvent des tomates et des concombres en tranche, des cornichons aigres-doux, du fromage, du pain, des pélmenis (sorte de raviolis), du jambon… Le dessert s’y trouve déjà aussi : un plateau de fruits, des biscuits et des gâteaux prétranchés. Chacun alors se sert comme il le souhaite. Le mets que j’affectionne le plus ? les varènikis, raviolis sucrés fourrés au fromage blanc. Un délice. Je ne manque jamais d’en manger ou d’en acheter lorsque je me trouve en Russie.
J’aime parler russe. Je l’ai appris à l’université et j’adore la musicalité de cette langue. L’accent tonique y est très appuyé, ce qui lui confère un rythme chantant. J’affectionne également les films, les séries et la musique rock des années 80.
Nous sommes en 2000, je me prénomme Florence et j’aime la Russie.
Texte: Florence V. et photo de Daria Kraplak sur Unsplash