Jumelles, ou Double vision, piste d'écriture
Ecrire à partir des oeuvres de Cindy Soula et Morten Andresen
Cette piste d’écriture s’inspire d’une exposition qui s’est tenue en juin 2024 salle Saint Ravy, à Montpellier. Elle présente des photos d’un photographe spécialisé dans la Street photographie, Morten Andresen, et l’interprétation qu’en a fait une peintre héraultaise, Cindy Soula.
Regards croisés
Parfois, entre les deux oeuvres, la différence est subtile, comme pour cette jeune femme dans un bus : l’encadrement différent a modifié le regard, et change la pluie en presque neige.
L’ombre de la marcheuse qui longe une façade jaune est un peu rousse et chevelue sur la photo, plus sombre et ramassée, une sorte de chien des enfers, sur la toile. Avec ses tonalités dorées et bleues, l’image reste légère, dynamique ; mystérieuse aussi. Une silhouette déliée et décidée, mais si petite au regard de la façade
Dans sa reprise de la femme qui avance vers nous avec un léger sourire, Cindy a choisi d’éclairer le fond, laissant deviner les façades et intérieurs dont elle vient, alors que le photographe l’avait laissé dans l’ombre bleu nuit, pour illuminer son héroïne. L’effet est différent, plus de solitude et d’intériorité sur la photo, une audace sereine dans la peinture.
Parfois, le changement saute aux yeux : dans la profondeur du café dont émergent seules la table jaune d’or et son occupante, la femme assise est tantôt une élégante discrète aux cheveux gris, tantôt une jeune femme à la queue de cheval noire. Toutes deux ont la même bouche rouge, légèrement souriante, les mêmes anneaux aux oreilles, la même attitude concentrée sur leur lecture, yeux baissés. Un même reflet oblique leur dessine sur le front comme un bandeau de pirate… Mais 25 ans peut-être les séparent.
Sur toutes ces images, les femmes sont seules, dans un environnement qui les surplombe, façades lumineuses, passages, escaliers, transports, salles profondes. Comment vivent-elles cette solitude dans la ville ? D’où viennent-elles, vers quoi vont-elles ? A quoi ressemble cet instant de leur vie ?
Et le photographe, comment a-t-il saisi les signes subtils qui relient ces silhouettes à un environnement ? (Comme ce même vert qui illumine l’affiche du Dojo et la jupe fluide de la marcheuse rousse en veste noire, toute tendue vers son but ?)
Pourquoi la peintre a-t-elle choisi ce travail pour s’en inspirer ? Pourquoi le photographe a-t-il accepté ?
L’exposition a voyagé en Europe, entre autres en Italie, sous le nom de Double vision. À Montpellier, elle est titrée Jumelles, en hommage peut-être à la sœur dont le catalogue nous apprend seulement que Cindy a été séparée brusquement. Dès la naissance ? Plus tard ? Provisoirement ou définitivement ? Nous savons tout juste que Cindy a passé ses premiers jours en couveuse. Alors, double vision ? Projection d’un double, dans l’espace ou dans le temps ?
Pistes d’écriture : imaginez l’un de ces moments, ou de ces points de vue.
La rencontre de 2 artistes et leur collaboration
Le ressenti et les pensées d’un des 2 au moment où il photographie pour l’un, réinterprète pour l’autre
Le vécu d’une de ces passantes, où liseuses méditatives. Est-elle consciente de son environnement, ou cherche-t-elle à s’en abstraite ? Pourquoi ? Vers quoi va-t-elle, d’où vient-elle ?
Un regard posé sur elles, par hasard
La rencontre de 2 ou plusieurs de ces personnages
Un visiteur de l’exposition…