Comment dire, par Didier Chabbert
Piste d'écriutre: Il faut savoir changer de nuage.
C’est quand le train entra en gare que ses pieds avaient enfin changé de nuage.
C’est son rêve fou qu’il réalisait.
Partir, laisser le lourd fardeau du passé et suivre son imagination.
La destination avait un parfum de garrigue, bien plus qu’il ne pensait, quand il comprit, en descendant à Aix en Provence, que la gare TGV était en pleine campagne.
Personne ne l’attendait, il avait l’habitude, personne ne l’attendait plus depuis qu’il avait jeté son chat par la fenêtre.
Pas de taxi, des pieds et un sac à dos feraient l’affaire.
Son errance dura quelques jours avant qu’il ne trouve un accueil dans un mas pour faire les vendanges.
Lui qui n’avait jamais utilisé ses mains qu’à noircir du papier, il s’infligeait les difficultés de la cueillette comme une rédemption.
Assailli par les guêpes, les mains collantes, brûlé par le soleil, loin des tours et des bureaux, il vivait enfin.
Photo de Jovana Askrabic sur Unsplash