Extravaguer, par Laurence

Piste d'écriture: Romy, Balthazar et le zèbre

Romy, cette femme aux cheveux longs noirs, mince, portait un ensemble à l’espagnole, rouge, arborait un beau maquillage, des talons hauts, un sourire aux lèvres, un rouge à lèvres rouge, des yeux noirs, des bracelets.
Tornade inimaginable, elle entra dans cette boite de nuit, pour y rejoindre ses amis. Je faisais partie des amis. Romy, tout heureuse, toujours – et toujours extravagante – s’échauffa sur la piste de danse. 
Ses amis d’ailleurs l’y rejoignirent, et bientôt, nous ne voyions plus que Romy, en train de tournoyer.
Paso doble, disco ou autres… Romy dansa jusqu’au bout de la nuit. Elle riait, elle était joyeuse, elle était dans son élément, elle était elle-même et ravageante.
Beaucoup de personnes n’aiment pas. Mais Romy, c’est son truc. Toujours. Toujours du piment !
Elle était entourée d’amis qui l’aimaient ainsi, et quelque part, ça ajoutait encore du piment à sa personnalité. Romy ne voulait pas changer. Et nous ses amis, non plus.

Les années ont passé. Sa personnalité ne se modifia pas. Quelquefois, on le lui reprochait. Avec les années, de plus en plus de gens qu’elle côtoyait le lui reprochaient. Elle ? Elle ne faisait pas attention, et moi non plus. Car c’était la fantaisie de Romy qui lui donnait la pêche. Même quand les circonstances étaient difficiles. Quand ça n’allait pas, Romy masquait en permanence, et continuait de rire et d’extravaguer. C’était sa façon de faire. 

Romy ne changea pas, même quand elle entra à l’hôpital. « Ah Romy, ne change pas, tu es un rayon de soleil ! » lui dirent les personnels soignants. Son goût de la fête, de l’extravagance, lui donnaient sa personnalité et son charme. « Romy, tu es unique, merci ! »
« De toute façon, répondait Romy, je suis comme ça, c’est à prendre ou à laisser. On m’aime comme je suis, ou alors on ne m’aime pas ! »
Nous, ses amis, l’aimons. Même au CHU, elle a gardé le goût des défis, quoi qu’il arrive ensuite. C’est parfois maladroit, mais Romy crée le plus souvent de la joie. 
Quelques jours avant de quitter le CHU, elle demanda la permission d’organiser une fête, avec sangria, platine et disques, et en avant la musique ! Patients, infirmiers et cadres de santé y participèrent, un interne, des kinés, les filles du standard… J’y étais aussi, en invitée.
D’un coup de magie, Romy se délesta de cette canne dont elle ne pouvait plus se passer, et avec elle, de la douleur qui la rongeait. De son ras-le-bol, elle fit une scène théâtrale. « Bang ! »
La fête fut une réussite. 
La dernière semaine de son hospitalisation, Romy se sentait dans son élément. Elle répéta le sketch de la canne – soudain, elle la mettait debout devant elle, puis la laissait tomber, « bang ! ». Romy s’écriait « magie ! » et tout le monde riait, kinés et patients ; et moi aussi, car c’était tout à fait théâtral et extravagant. Sacrée Romy ! On ne t’oubliera jamais !

Copyright texte: Lolo, le 1er avril 25. Photo de Gianluca Carenza sur Unsplash

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